SAISON 2025-2026

Pour sa 33e saison, le Théâtre des Gens de la Place s’intéresse au prisme de la condition féminine, c’est-à-dire qu’il s’interroge, d’une production à l’autre, sur les expériences, les enjeux et les réalités des femmes à travers les lieux et les époques. Le climat social actuel ne cesse de nous rappeler que l’égalité des sexes n’est pas acquise, et que nombreuses sont les personnes – les hommes – qui s’arrogent encore le droit de décider du sort des femmes, que ce soit en parlant à leur place ou en leur retirant leur agentivité. Le fil conducteur de notre saison est donc celui des carcans féminins.

En septembre, Les Femmes de Molière dénonce avec humour les systèmes matrimonial et familial : pourquoi les femmes ressentent-elles l’obligation de se marier? pourquoi les pères devraient-ils choisir l’homme avec qui leur fille se mariera? pourquoi les épouses infidèles seraient-elles punies, mais pas leurs maris? pourquoi devraient-elles toujours être redevables à leur père ou à l’homme qu’elles ont épousé? Et si, à travers diverses stratégies et pirouettes argumentatives, ces femmes arrivaient à déjouer nos a priori?

En décembre, Les serpents met de l’avant les toxiques relations de dépendance qui peuvent s’établir au sein des relations conjugales comme familiales : quel pouvoir a un fils sur une mère vieillissante qui en vient à dépendre financièrement de lui? pour quelles raisons les femmes victimes de violence conjugale et de contrôle de la part de leurs maris restent-elles prisonnières de cette condition? et pourquoi reviennent-elles dans ce piège après s’en être enfin libérées? une mère a-t-elle le droit d’abandonner son enfant si c’est la seule façon d’assurer sa propre survie?

Enfin, en février, Embrasse dévoile le côté sombre de la maternité, mais pour en souligner toute la splendeur cachée : quelles responsabilités pèsent sur les mères, surtout celles qui doivent élever leur enfant seules? quels sacrifices doivent-elles faire, quels rêves doivent-elles abandonner? s’il est vrai que donner la vie est l’une des plus belles choses qui soit, est-ce suffisant pour combler le reste d’une vie? si nos enfants sont la prolongation de nous-mêmes, notre lègue au monde, est-ce une raison valable pour vivre leur existence par procuration au risque de leur gâcher la vie? avons-nous le droit d’exiger de nos enfants de faire mieux que nous pour racheter nos échecs passés? 

À travers la plume de Molière, de Marie NDiaye et de Michel Marc Bouchard, nos trois spectacles, cette saison, vous feront voyager entre la France et le Québec, entre le 17e siècle et le 21e siècle. Quel que soit l’univers comique ou dramatique dans lequel ils vous plongeront, nous espérons qu’ils contribueront, ne serait-ce qu’un peu, à (r)ouvrir nos horizons collectifs et à éveiller, chez chacun·e d’entre nous, des prises de conscience et des réflexions sur l’importance du respect, nécessaire au vivre-ensemble.

 
 

LES FEMMES DE MOLIÈRE

25 au 28 septembre 2025
Salle Anaïs-Allard-Rousseau

Pour souligner sa 100e production, le TGP a souhaité revenir au théâtre classique, mais en prenant le pari de réactualiser l’œuvre de Molière en mettant de l’avant sa dimension féministe. Les Femmes de Molière propose ainsi une exploration de la vie de la comédienne Madeleine Béjart par le biais des personnages joués par cette dernière, sous la gouverne du célèbre dramaturge français. En plus d’avoir fondé, en 1643, l’Illustre Théâtre avec ce dernier, elle a en effet été sa compagne pendant plusieurs années et a contribué à la création des principaux rôles féminins de ses comédies.

À travers un collage de scènes clés tirées des plus célèbres pièces de Molière (Les Précieuses ridicules, L’École des maris, Le Mariage forcé, Tartuffe, Le Médecin malgré lui, Georges Dandin, L’Avare, Le Bourgeois gentilhomme, Les Fourberies de Scapin et Les Femmes savantes), il s’agit donc de sortir de l’ombre cette figure féminine méconnue, tout en proposant, par l’entremise des rôles de femmes fortes qu’elle a joués, une réflexion sur l’amour, les relations père-fille, le couple, le mariage – et plus largement les carcans qui restreignent les femmes dans nos sociétés patriarcales, et ce, encore aujourd’hui.


LES SERPENTS

11 au 14 décembre 2025
Salle Louis-Philippe-Poisson

Madame Diss a fait la route jusqu'à la maison de son fils, perdue dans les maïs, non pas pour assister au feu d'artifice du 14 Juillet, mais bien pour tenter de lui emprunter de l'argent. Cependant, le fils de Madame Diss n'a aucune intention de sortir de la maison, aucune intention non plus de lui permettre d'y pénétrer. Heureusement, Madame Diss a deux belles-filles : France (l’actuelle) et Nancy (l’ex qui est elle aussi en visite). Seules ces dernières ont le droit d'entrer et de sortir de la maison, quoiqu’un nombre limité de fois. Car le fils de Madame Diss, tel un ogre qu’on dirait sorti d’un conte de fées, y veille férocement sur ses enfants, prêt à les dévorer au moindre mécontentement.

Une menace plane toujours dans l’œuvre de Marie NDiaye. Théâtre de la cruauté ou polar inquiétant dans lequel se mêlent barbarie et civilité, Les serpents est tout cela tandis que l’humour et l’humanité surgissent sous les mots ciselés de l’autrice afin de sonder le prisme de l’identité féminine. Elle construit ainsi un univers décalé, entre réalisme et onirisme, où le débordement du verbe mène au combat, au règlement de comptes familial.


EMBRASSE

19 au 22 février 2026
Salle Anaïs-Allard-Rousseau

Le jeune Hugo vit et travaille avec sa mère, Béatrice, propriétaire d’un magasin de tissus dans un centre commercial en région. Son univers est bousculé lorsque Béatrice est arrêtée pour avoir frappé publiquement une jeune professeure de l’endroit qui l’accuse de violenter son fils. Passionné de mode, rêvant d’étudier dans une grande école de couture, Hugo décide de créer le vêtement que portera sa mère lors de son procès pour voie de fait. Ce costume lui donnera, à ses yeux, les allures d’une mère parfaite, alors qu’il est guidé dans ce projet par une vision fantasmée du designer français Yves Saint Laurent.

On retrouve dans ce texte toute la sensibilité qui caractérise l’écriture de Michel Marc Bouchard, qui y explore ce qu’il peut y avoir de beau et de terrible au sein des relations mère-fils. Béatrice, mère divorcée, trahie et blessée, celle dont les rêves ont été détruits par les aléas de la vie, n’a maintenant plus que son fils à qui se rattacher, pour le meilleur et pour le pire ; un fils qu’elle aime d’un amour cruel, lui qui est à la fois sa plus grande fierté et le rappel de ses plus grands échecs.