LES SERPENTS

Salle Louis-Philippe-Poisson (Maison de la Culture de Trois-Rivières)

 

Texte de MARIE NDIAYE
Mise en scène d’ÉTIENNE BERGERON

Scénographie : Étienne Bergeron
Éclairages : Émile Baril-Lefebvre
Conception sonore : Étienne Bergeron
Costumes et accessoires : Josée Dargis, Michèle Leblanc, Emmie Massicotte

Avec : Josée Dargis, Michèle Leblanc, Emmie Massicotte


Madame Diss a fait la route jusqu'à la maison de son fils, perdue dans les maïs, non pas pour assister au feu d'artifice du 14 Juillet, mais bien pour tenter de lui emprunter de l'argent. Cependant, le fils de Madame Diss n'a aucune intention de sortir de la maison, aucune intention non plus de lui permettre d'y pénétrer. Heureusement, Madame Diss a deux belles-filles : France (l’actuelle) et Nancy (l’ex qui est elle aussi en visite). Seules ces dernières ont le droit d'entrer et de sortir de la maison, quoiqu’un nombre limité de fois. Car le fils de Madame Diss, tel un ogre qu’on dirait sorti d’un conte de fées, y veille férocement sur ses enfants, prêt à les dévorer au moindre mécontentement.

Une menace plane toujours dans l’œuvre de Marie NDiaye. Théâtre de la cruauté ou polar inquiétant dans lequel se mêlent barbarie et civilité, Les serpents est tout cela tandis que l’humour et l’humanité surgissent sous les mots ciselés de l’autrice afin de sonder le prisme de l’identité féminine. Elle construit ainsi un univers décalé, entre réalisme et onirisme, où le débordement du verbe mène au combat, au règlement de comptes familial.

Durée : 1h40, sans entracte

PROGRAMME
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Photos du spectacle

Crédit photo : Mario Groleau


Dans les médias

« [La] simplicité scénographique sert admirablement le texte, permettant aux mots de rayonner dans toute leur puissance. Les éclairages d’Émile Baril-Lefebvre remplissent l’espace et accentuent la tension dramatique qui ne faiblit jamais. […] Michèle Leblanc incarne France avec une vulnérabilité déchirante […]. Emmie Massicotte apporte à Nancy une complexité fascinante, oscillant entre force et fragilité, entre désir de fuir et besoin de comprendre. […] Josée Dargis complète ce trio avec Madame Diss qui est calculatrice, mais profondément humaine, une mère qui porte ses propres blessures. Leur jeu est d’une justesse bouleversante. Elles naviguent avec brio entre les longs monologues et quelques moments de dialogue. Le tout créant une tension palpable qui maintient le public pendant toute la durée du spectacle. […] La langue de NDiaye est un personnage en soi. Ses phrases serpentent, s’enroulent, hypnotisent. Les comédiennes portent cette mise en scène avec une précision chirurgicale, faisant résonner chaque mot, chaque silence. La conception sonore d’Étienne Bergeron venait ponctuer ces moments […] [et] ajoutait une dimension inquiétante qui aidait à renforcer l’atmosphère oppressante. […] La pièce est une expérience théâtrale intense et nécessaire. Elle mérite d’être vue autant pour la qualité de son texte que pour l’excellence de sa mise en scène et de son interprétation. »
 Marianne Martel, Zone Campus, 16 décembre 2025

« Habilement écrit par l’autrice Marie NDiaye [et] […] mettant les dialogues, que dire, les monologues au centre de sa trame narrative, Les Serpents constitue un instant de réflexion. Une prise de conscience coup de poing sur le caractère insidieux et toxique de la violence. Étienne Bergeron, actuel directeur artistique de la troupe, signe une troisième mise en scène à la fois épurée, mais réussie qui met le propos au cœur de la pièce. Un décor étudié, mais unique sert de panorama tout au long de la soirée. […] La comédienne Michèle Leblanc est troublante de vérité et réussit à nous émouvoir dans son rôle de France, la maîtresse de maison docile et subjuguée par l’ogre. Emmie Massicotte, qui campe l’ex-femme, est solide et polyvalente, alors qu’elle transpose avec justesse toute une panoplie d’émotions allant du dédain, à l’abandon, en passant par la pitié, tandis que Josée Dargis se veut convaincante en Mme Diss, la mère calculatrice et cupide de cet homme cruel qu’on imagine tout au long du récit. […] Dans ce climat on ne peut plus menaçant, on a droit à des déplacements bien choisis des artistes pour faire avancer l’action, alors que le mouvement contribue aussi à créer un sentiment de proximité avec le public. Si la réplique est reine, on observe toutefois que les effets sonores sont habilement ajoutés afin de procurer une tension dramatique. »
 Geneviève Beaulieu-Veilleux, Le Nouvelliste, 13 décembre 2025

« Ce spectacle est pour un public averti, parce qu’il y a des thématiques difficiles qui sont abordées : la violence conjugale et même la violence faite aux enfants. Mais puisque c’est abordé sur le ton du conte, où les choses sont toujours un peu plus grandes que nature, on ne tombe pas nécessairement dans la pathos et dans l’affect ; il y a un côté plus ludique. Les personnages se racontent des mensonges, des histoires pour survivre à ces violences, pour passer au travers et les porter au quotidien sans que ça les avale. Les histoires qui sont racontées basculent même parfois dans l’onirisme, dans le surréalisme, ce qui fait que le propos est plus digeste. Il y a une dimension littéraire très forte à ce texte-là. Souvent, on incarne ces thématiques en optant pour une esthétique réaliste, en l’ancrant dans le quotidien, mais le fait que Marie NDiaye les aborde comme ça d’une manière plus poétique qui sort des représentations habituelles, ça permet à mon avis de déplacer le dialogue et peut-être d’amener les spectateurs et spectatrices à voir les choses différemment. »
 Étienne Bergeron, en entrevue avec Patrick Evans, Toujours le matin, ICI Première, 11 décembre 2025